POUR
L'ÉCOLE
100
PRINCIPES POUR L'ÉCOLE - Plan
GENÈSE
D'UN LIVRE - Ré-écriture d'un entretien
avec Edgar Morin - LE
CANTIQUE DES CANDIDES -
PRINCIPES
ISSUS DE LA THERMODYNAMIQUE
-
PRINCIPES
ISSUS DE LA BIOLOGIE - PRINCIPES
ISSUS DE LA SYSTÉMIQUE
PRINCIPES
ISSUS DE LA NEUROBIOLOGIE
- NÉCESSAIRE
ÉMERGENCE DE NOUVELLES VALEURS
-
PRINCIPES
PÉDAGOGIQUES
PRINCIPES
ISSUS DES CONSULTATIONS NATIONALES
- DE
L'AMOUR
***
PRINCIPES
ISSUS DE CONSULTATIONS SPÉCIALES
Liens
annexes : Pédagogie
de la complexité
Didactique,
tac, tic-tac, tactique didactique...
Consultations
des usagers de l'École
***
Les principes
de 61 à 69 sont issus des PROPOSITIONS
POUR L'ENSEIGNEMENT DE L'AVENIR élaborées à la demande du Président de
la République François MITTERRAND,
par les Professeurs du Collège
de France. Direction Pierre BOURDIEU.
Paris, 1985.
La lecture
attentive de cet ouvrage court mais dense montre combien est pesante la
politique, combien sont lourdes les habitudes, les routines, combien sont
enkystées les peurs, combien sont dominateurs les privilèges.
Note de 2007 -
Comme presque tout l'ensemble des CENT PRINCIPES rédigés en 1995, ces
principes n'ont rien perdu de leur urgente actualité. Pis, la formidable
régression politique actuelle quant à l'éducation rend l'esprit qui les
animent encore plus novateur, encore plus subversifs ! M.D.
61
- UNITÉ DE LA SCIENCE ET PLURALITÉ DES CULTURES.
ANTHROPO-PÉDAGOGIE
(Edgar
MORIN).
Un
enseignement harmonieux doit pouvoir concilier l'universalisme inhérent à la
pensée scientifique
et le relativisme qu'enseignent les sciences humaines, attentive à la pluralité
des modes de vie,
des sagesses et des sensibilités.
On
admet qu'il existe une Science, une sagesse humaine (laquelle ne se confond pas
avec la science occidentale
!), fondée sur la Raison. La Raison n'est pas seulement la faculté de
distinguer le vrai du faux, le
bien du mal et de déterminer sa conduite d'après cette connaissance. La Raison
n'est pas seulement l'explication d'un fait,
d'un acte. La Raison n'est pas seulement cette intelligence logique, mathématique.
La Raison est capable de réfléchir sur elle-même et ses propres conclusions.
Elle peut relativiser au regard de
l'Histoire. Il n'est pas certain que l'Humanité connaisse véritablement la
Raison. Peut-être que la Raison
n'est qu'un horizon vers lequel nous serions en mouvement. L'Histoire montre que
ce mouvement n'est pas linéaire ni frontal, mais tortueux et indécis.
Cette
Science, cette Raison sont capables d'intégrer les cultures du passé et les
cultures actuelles non-occidentales.
La
priorité doit être donnée à un enseignement montrant à la fois l'unité de
l'Homme et la multiplicité de
ses conduites culturelles (la culture étant considérée ici dans son sens le
plus large). Comprendre les comportements
et les mœurs des hommes sous différentes latitudes suppose qu'on ne les JUGE
pas d'abord.
Jusqu'à présent, l'enseignement a plutôt présenté l'histoire du monde
occidental comme une marche vers
le Progrès. Jusqu'alors, notre enseignement a privilégié notre culture, ce
qui apparaît légitime, mais a souvent dénaturé l'essence même des autres
cultures jusque dans ses approches ethnologiques.
62
- DIVERSITÉ DES FORMES D'EXCELLENCE. IL FAUT DE TOUT POUR FAIRE UN MONDE...
L'enseignement
devrait tout mettre en oeuvre pour combattre la vision unilatérale de l'intelligence
qui
porte à hiérarchiser les formes d'accomplissement par rapport à l'une d'entre
elles, et devrait
multiplier les formes d'excellence culturelle socialement reconnues.
H faut de
tout pour faire un monde, certes, mais pas n'importe quoi ou n'importe qui. Il
ne suffit pas d'affirmer
que les artisans valent les artistes, que les formes appliquées valent les
formes pures de science
ou d'art, que les littéraires valent les matheux, que les baccalauréats
professionnels valent les bacs classiques, que les hispanistes valent les
germanistes, que les sportifs valent les forts en thème, que le concret vaut
l'abstrait.
II faut considérer les faits.
Lorsque des professions, des métiers entiers disparaissent, engloutis par l'automatisation,
la robotisation, le savoir ancestral, le geste anobli par un long apprentissage,
ce qui était autrefois secret
jalousement gardé du faber, devient
dérisoire, disparaît ou ne subsiste seulement que comme objet muséographique.
Alors il est vain de prétendre diversifier les formes d'excellence.
La délocalisation
des emplois vers des contrées moins regardantes quant à la sécurité, aux
acquis sociaux et
aux salaires, ne repose que sur une justification : le profit maximum dans un très
court terme. Peu importent
les conséquences du point de vue de la culture et de la civilisation.
63
- MULTIPLICATION DES CHANCES.
Il
importerait d'atténuer les conséquences du verdict scolaire, et d'empêcher
que les réussites n'aient
un effet de consécration ou les échecs un effet de condamnation à vie en
multipliant les filières
et les passages entre filières et en affaiblissant toutes les coupures irréversibles.
Il est
important de comprendre que la complexification de la vie moderne (en
l'occurrence : la mondialisation de l'économie, l'apparente hégémonie
culturelle du nouvel empire Coca-Cola/IBM/MacDo/Microsoft
car elle comporte le risque majeur de creuser plus profondément le fossé qui sépare
ceux qui détiennent savoirs, savoir-faire et pouvoirs de ceux qui sont démunis,
qui se laissent déposséder ou pire,
dépasser par l'accélération de l'Histoire.
La complexification présente, comme Janus, deux visages.
La
complexification est une nécessité, une fatalité indissolublement liée à la
logique du Vivant.
Nier ou
refuser cette fatalité, c'est se condamner à disparaître. S'il existe un
destin, un fatum de la Vie, ce
destin est inscrit dans la nature même de la Vie.
CHACUN
DE NOUS, CHAQUE ÊTRE HUMAIN est à la fois objet, sujet, acteur, spectateur, auteur,
lecteur, agent, effet, cause, conséquence, instrument, victime, ferment, pâte
molle, moteur, mu,
mutant, muté, mutagène, principe et auxiliaire de cette complexification.
Cette
conviction devrait entraîner le volontarisme d'un parti-pris résolument pédagogique.
Cette conviction devrait empêcher d'accepter
l'échec scolaire - et l'échec social - comme une fatalité ou un phénomène
dont il convient d'analyser longuement les causes, car, évidemment, il y a urgence.
Des générations
par paquets innombrables montent au feu de la complexité. L'inanité pédagogique
est telle que nous pouvons déjà affirmer que certains subiront victorieusement
l'épreuve et entreront dans le
monde de demain. D'autres, victimes de l'irresponsabilité des vieillards de
l'esprit, seront condamnés à
la réserve : ils seront les nouveaux Indiens, les Taureaux assis de la
connaissance, réduits au rôle de bons
Pygmées,
les Papous, les Hopi, les Inuit ? Des objets de curiosité, des animaux de
laboratoires, des vestiges de civilisations
perdues qui n'avaient pas bien compris qu'on ne peut résister au flux
inexorable de la complexité
croissante, dont ils n'étaient qu'un moment.
64
- UNITÉ DANS ET PAR LE PLURALISME.
L'enseignement devrait dépasser
l'opposition entre le libéralisme et l'étatisme en créant les conditions
d'une émulation réelle entre des institutions autonomes et diversifiées, tout
en protégeant les individus et les
institutions les plus défavorisés contre la ségrégation scolaire pouvant résulter
d'une concurrence sauvage.
Le rôle de l'État devrait être de fixer les objectifs et les buts du Système
éducatif. Ce système offre actuellement
une apparence d'unité. Cette unité n'est qu'administrative et fallacieuse. Des
situations les plus hétéroclites
existent, à des distances très réduites, parfois dans la même commune.
Comme la
région s'est chargée des lycées, le département des collèges, c'est au
canton ou plutôt au district
de se charger de l'organisation de l'enseignement primaire.
L'État
doit établir les cadres juridiques. Chaque district doit créer, développer,
maintenir, corriger son système
éducatif primaire.
Dans
tous les cas, mais notamment sur des zones prioritaires redéfinies selon des
critères valables : situation
de l'emploi, revenus des familles, niveau socio-économique, doivent être établis
des contrats entre
les collectivités territoriales et des équipes éducatives autogérées sous
la responsabilité d'un directeur coordonnâtes (désigné par le président de
district ou élu par sa propre équipe).
Dans
tous les cas, le CONTRAT entre collectivités et équipes éducatives doit
stipuler des objectifs, un calendrier,
un protocole d'évaluation, le coût en matériel et ressources humaines nécessaire
à l'opération éducative.
Ainsi
retrouverait-on la motivation des équipes de compagnons engagés à plus ou
moins long terme sur un vaste chantier.
Dans
une plus large perspective, il faut considérer chaque région, département ou
district comme un SYSTÈME
COMPLEXE DE PRODUCTION GLOBALE D'INTELLIGENCE, DE COMPÉTENCES, DE
SAVOIRS ET D'INTERROGATIONS DONNANT LIEU À DES RECHERCHES.
Généralement, un poste de
soutien psycho-pédago-social doit être affecté pour cinq groupes de 25 enfants.
Sans doute faut-il reconsidérer totalement le concept de classe. Le
profil de ce poste doit être très
polyvalent et confié de préférence à des enseignants possédant diverses
compétences (informatique, arts
plastiques, musique, expression corporelle, etc.)
Dans
tous les cas, les moyens doivent être soustraits à la bureaucratie et dirigés
vers la pédagogie.
Concernant
la communication, il faut faire passer à la fois un grand dessein : Comment
faire entrer une nation dans le Illième millénaire ? Comment contribuer à la
corticatisation généralisée de l'espèce humaine ? et parler très concrètement,
sans langue de bois, pour être crédible. Voilà l'enjeu politique.
Les
enseignants sont en but à des milliers de petits et grands problèmes très
concrets : toits qui fuient, sanitaires
indignes, personnels parfois incontrôlables, matériel didactique défectueux,
il convient de faire
disparaître les flaques d'eau des cours de récréation !
Le
Plan
Informatique Pour Tous, de 1985, mérite d'être, pour le coup, évalué
totalement, du moins en ce qui concerne l'enseignement primaire. C'est bizarre
comme les tenants de l'évaluation à outrance ne sont, eux, jamais
évalués....
Qui
a prétendu que les enfants de Maternelle ne pouvaient pas être concernés par
l'ordinateur ? Pourquoi le langage récursif LOGO
a-t-il été si mal défendu ?
Les unités
d'enseignements (écoles et groupements d'écoles, établissements publics
d'enseignement : collèges
et lycées) doivent utiliser, traiter, concevoir, fabriquer, diffuser de l'INFORMATION.
Les
inspecteurs et leurs équipes de circonscription doivent redevenir (ou devenir)
des animateurs pédagogiques,
des coordinateurs d'expériences, des conseillers, des impulseurs, de véritables
évaluateurs
et non de vagues contrôleurs qui, au bout du compte, font avancer toutes les
carrières à l'ancienneté, avec
des nuances...
65
- RÉVISION DES SAVOIRS ENSEIGNÉS.
Le
contenu de l'enseignement devrait être soumis à une révision périodique visant
à moderniser les savoirs enseignés en élaguant les connaissances périmées
ou secondaires et en introduisant le plus
rapidement possible, mais sans céder aux phénomènes de mode, les acquis
nouveaux.
On a
coutume de se gausser des séances du jeudi de l'Académie française lorsque
celle-ci travaille à l'élaboration
lente et minutieuse du Dictionnaire. Ce qui fait l'intérêt de ce patient
travail, c'est sa permanence,
c'est sa perpétuation.
C'est
pourquoi la révision des savoirs enseignés ne devrait pas être périodique,
mais incessante et continue.
Toute réflexion
globale sur la connaissance ne doit pas être menée par une seule commission
d'experts mais
par une large base volontaire. Celle-ci devrait définir un corpus de
savoirs (au sens le plus large) minimum. Dans certains domaines : sciences
sociales, par exemple, les contenus doivent être ré-examinés
fréquemment et selon la demande du corps social. En période de crise
identitaire, il n'est pas inutile
d'insister sur la stratification démographique et culturelle qui contribue à
l'unité/diversité de la nation.
Il s'agit
de savoir quand il est nécessaire d'enseigner plutôt la biologie, l'éco-nomie
et l'éco-logie que la
littérature médiévale. Aucun choix ne doit être irréversible. Mais choisir
est une nécessité. Cependant, il
convient aussi de conserver sans rien sacrifier. Des disciplines peuvent se révéler
formidablement fécondes demain alors qu'on les croit aujourd'hui obsolètes. La
création de conservatoires-viviers à côté
de laboratoires de recherche institutionnelle et de recherche sauvage est nécessaire
à la résolution des
problèmes du moment.
Il
faut
mettre en exergue :
LES
SCIENCES DU VIVANT, LE FAIT QUE LA RECHERCHE EST L'AFFAIRE DE TOUS, L'IMPORTANCE
DE L'INFORMATION EN RÉSEAUX.
La
hiérarchie de l'information n'est pas celle qu'on croit. Comme généralement,
c'est la suite des événements
qui montre ce qui était hier important et ce qui n'était que secondaire. Il
faut donc, au jour le
jour, considérer toute information comme importante.
Ce qui existe aujourd'hui, c'est une juxta-disciplinarité.
II
convient de réfléchir vraiment à une pluridisciplinarité
voire à une trans-transdisciplinarité c'est-à-dire au développement d'une ou
de problématiques
communes.
Chaque
unité d'enseignement doit pouvoir accéder au moindre coût à la meilleure
information.
À
des fins de réconciliation sociale, il convient de mettre l'accent sur la
culture plurielle tant au niveau des grandes religions monothéistes, que des
nations européennes, des régions et antiques pagi qui ont su conserver
une spécificité indéniable. La diversité, c'est la richesse.
L'apprentissage
de la complexité suppose un autre mode d'enseignement que le mode duel. Au
couple enseignant-enseigne doit se substituer au moins et à tous les niveaux
d'enseignement le trio enseignant-enseigné-tiers
médiateur. Le rôle du tiers-médiateur doit être contractuel et basé sur
l'acceptation des autres
parties.
L'étude,
l'apprentissage, l'acquisition de savoirs et savoir-faire ne doivent pas être
des fins mais des objectifs
définis par les enseignés et enseignants.
Ces
objectifs peuvent être généraux et relativement abstraits
mais ils peuvent être aussi l'expression d'une urgence sociale,
institutionnelle ou individuelle :
-
comment ici et maintenant résoudre tel fléau ou telle tare sociale ?
-
comment réduire telle pesanteur administrative ?
-
comment sortir de tel état d'illettrisme ou de déculturation ?
Tous
les efforts doivent alors converger jusqu'à résolution du problème. Quand on
l'a résolu, on passe à
autre chose, tout un gardant une sorte de maintenance sur la question
primitive.
Autrement
dit, les objectifs de l'Éducation jusqu'à l'acquisition de savoirs doivent être
ancrés dans le réel
et le concret.
Chaque
unité d'enseignement doit pouvoir s'offrir, périodiquement, une semaine de remue-méninges
, concernant
TOUS les protagonistes de la geste éducative. La règle doit être de diffuser
au maximum les conclusions
positives et négatives de la session afin d'informer les autres et de
rechercher d'éventuelles solutions, de nouveaux partenaires.
L'apprentissage,
avec certains jeunes en rupture, doit passer par de véritables voyages
initiatiques (tour de
France ou autre...). De toutes façons, à de nombreux égards, une forme
moderne de compagnonnage doit
être réintroduite dans le Système éducatif.
Dans un système d'acquisition
du savoir, il doit être possible d'inventer ou de retrouver des rites d'initiation qui font défaut dans le cheminement psychologique,
affectif et cognitif des jeunes actuels. Les rites peuvent être puisés
dans ce qui existe, exotiques ou non, l'essentiel étant qu'ils soient structurant
et jouent un rôle d'intégration dans la société.
66
- UNIFICATION DES SAVOIRS TRANSMIS.
Tous
les établissements scolaires devraient proposer un ensemble de connaissances
considérées comme nécessaires à chaque niveau, dont le principe unificateur
pourrait être l'unité historique.
L'histoire
des sciences, l'histoire de la littérature, l'histoire de l'art illustrent la
relativité des savoirs et des
manières, les déterminismes et les aléas, les progrès et les stagnations,
les emprunts féconds et les rejets
funestes, etc.
La
culture historique intégrée à la culture scientifique et artistique apporte
la dimension fondamentale du
Temps.
J'ai vécu,
enfant, les innombrables récits de guerre, au sein de ma famille, au cinéma,
dans la littérature, partout.
J'ai appris l'incrédulité des honnêtes gens à l'ouverture des camps d'extermination
nazis. Puis ces
blessures se sont estompées. Cette guerre n'était pas vraiment la nôtre, même
si je suis né quatre mois
après Hiroshima. Nos parents ont cessé de ressasser leur épopée tragique.
Nous leur donnions quelques
soucis, nous qui voulions changer la vie. Ils sont devenus, comme nous, plus que
nous peut-être, des
consommateurs. Eux avaient connu les privations. Et voilà qu'une troisième génération
arrive, avec les
années 80 et que certains prétendent nier Treblinka et la solution finale.
Voilà qu'entre temps, les victimes
d'hier sont devenus les soudards d'aujourd'hui, brutalisant les jeunes
Palestiniens. Voilà qu'on découvre l'extraordinaire capacité falsificatrice
de l'image avec Timisoara et la Guerre du Golfe. Voilà donc que tout est remis
en question, que rien n'a servi à rien, que l'on profane les sépultures
juives, que l'on
grille vifs des émigrants turcs, que réapparaissent les sempiternelles
ratonnades !
Nous
étions baignés d'histoire parce que nos maîtres nous l'enseignaient encore et
que la télévision de service
public, et d'état, remettait ça,
le soir, sur une seule chaîne. Et c'était sa grandeur. Et puis, tout cela
est devenu bien désuet, bien ringard. On a cessé de suivre les cérémonies
d'armistices, laissant seuls,
claquer dans le vent quelques drapeaux sentant la naphtaline. Les télés se
sont multipliées et l'Histoire fut reléguée dans le ghetto de la Sept et puis d'Arte.
Pendant ce temps, ailleurs, on relançait dans l'odeur de lessive et de bière, les jeux du cirque et le cirque
des jeux.
Il
n'y a pas de véritable université de la culture européenne. Il n'y a pas de
chaîne de télévision, non pas culturelle,
mais éducative, pédagogique. Et c'est dommage.
67
- ÉDUCATION ININTERROMPUE ET ALTERNÉE.
L'éducation
devrait se poursuivre tout au long de la vie, et tout devrait être fait pour réduire
la coupure entre la fin de l'enseignement et l'entrée dans la vie active.
68
- USAGE DE TECHNIQUES MODERNES DE DIFFUSION.
L'action
d'incitation, d'orientation et d'assistance de l'État devrait s'exercer par un
usage intensif et
méthodique des techniques modernes de diffusion de la culture, et notamment de
la télévision et de la télématique, qui permettrait d'offrir à tous et
partout un enseignement exemplaire.
La
création d'une chaîne de télévision hertzienne éducative où les choses les
plus originales du point de
vue didactique puissent être expérimentées est nécessaire.
Les
principes qui président au fonctionnement du Collège de France devraient
pouvoir être répliqués dans
chaque région, dans chaque département où des érudits, chercheurs, penseurs,
artistes, inventeurs pourraient venir s'exprimer devant des auditeurs libres.
C'est ce qu'a tenté depuis la rédaction de ce texte Michel
ONFRAY avec l'Université populaire de Caen... Là encore, le rôle des médias
(locaux) serait de la plus grande importance.
Sans
nier ou renier les avant-gardes et les avancées théoriques, l'art et
l'enseignement artistique contemporains doivent retrouver un contact privilégié
avec le grand public. L'art devrait pouvoir recouvrer
une vocation éducative, en dehors de la provocation et du scandale.
69
- OUVERTURE DANS ET PAR L'AUTONOMIE.
Les
établissements scolaires devraient associer des personnes extérieures à leurs
délibérations et à leurs activités, coordonner leur action avec celle des
autres institutions de diffusion culturelle et devenir le foyer d'une nouvelle
vie associative, lieu de l'exercice pratique d'une véritable instruction
civique ; parallèlement, il faudrait renforcer l'autonomie du corps enseignant
en revalorisant la
fonction professorale et en renforçant la compétence des maîtres.
Originellement faber
= forgeron (celui qui fait, celui qui crée. Et cela est restée dans
notre patronymie : Lefébure, Lefèbvre,Fabre, Faivre...
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MULTIDISCIPLINARITé
Juxtaposition de disciplines diverses
parfois sans rapport entre elles.
Ex. musique + mathématiques + histoire.
PLURIDISCIPLINARITÉ
Juxtaposition de disciplines plus ou
moins voisines dans les domaines de la connaissance.
Ex. français + latin + grec.
INTERDISCIPLINARITÉ
Interaction entre deux ou plusieurs
disciplines. Cette interaction peut aller de la simple communication des
idées jusqu'à l'intégration mutuelle des concepts, de
l'épistémologie, de la terminologie, de la méthodologie, des
procédures, des données, de l'organisation de la recherche, de
l'enseignement s'y rapportant.
TRANSDISCIPLINARITÉ
Mise en oeuvre d'une axiomatique commune
à un ensemble de disciplines
Ex. l'anthropologie considérée comme la
science de l'homme et de ses oeuvres.
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