100 PRINCIPES POUR L'ÉCOLE - Plan
GENÈSE D'UN LIVRE - Ré-écriture d'un entretien avec Edgar Morin - LE CANTIQUE DES CANDIDES -
PRINCIPES ISSUS DE LA THERMODYNAMIQUE - PRINCIPES ISSUS DE LA BIOLOGIE - PRINCIPES ISSUS DE LA SYSTÉMIQUE
PRINCIPES ISSUS DE LA NEUROBIOLOGIE - NÉCESSAIRE ÉMERGENCE DE NOUVELLES VALEURS - PRINCIPES PÉDAGOGIQUES
PRINCIPES ISSUS DES CONSULTATIONS NATIONALES - DE L'AMOUR
***
PRINCIPES ISSUS DE CONSULTATIONS DES USAGERS
Liens annexes :
Principes issus des consultations spéciales
Didactique, tac, tic-tac, tactique didactique...
***
UNE
CONSULTATION POPULAIRE SUR L'ÉCOLE.
DIAGNOSTIC SUR L'ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE.
Rapport Favret 1984
Rapport Thélot 2004
En 2004, après une parodie de consultation démocratique, le rapport Thélot dont le rapporteur signale ingénument que les conclusions sont déjà écrites, prétend placer en fait l'institution scolaire française sous la coupe des euro-libéraux de Bruxelles. C'est une des nombreuses tentatives, avec l'A.M.I., l'A.G.C.S., le projet de constitution européenne refusé par les français au referendum de 2005, de commercialiser, privatiser, mettre à l'encan, dans le dos des peuples et au mépris de tout esprit démocratique, les services publics y compris la santé et l'éducation.
1984
- Six enfants sur dix arrivent à dix ans en fin de scolarité élémentaire ;
près d'un sur dix y parvient avec deux
ans de retard ou plus. Un enfant sur deux seulement aura une scolarité élémentaire
normale s'il a redoublé
son C.P.. Après la sixième, un sur vingt entrera en seconde, alors qu'un tiers
de ses camarades y
parviendront.
II
y a davantage de scolarités sans redoublement aujourd'hui qu'il y a dix ans
mais la proportion d'enfants ayant
une scolarité très perturbée (deux redoublements et plus) est passée de 4%
à 6,5% : amélioration relative donc pour un plus grand nombre, et situation
plus difficile pour une minorité.
Les
enfants qui ont fréquenté l'école maternelle ont une scolarité moins perturbée
et les élèves en retard sont
ceux issus de milieux défavorisés (salariés agricoles, ouvriers, personnels
de service, travailleurs immigrés)
appartenant à une famille nombreuse ou ayant une mère sans profession. Parmi
ceux-ci, cinq sur
dix seulement arrivent au CM2 à dix ans (contre huit pour dix pour les enfants
de cadres).
Le
taux de scolarités normales est de 35% pour les enfants étrangers et de 55%
pour ceux qui viennent d'une
famille de quatre enfants (contre 74% pour les enfants uniques ou n'ayant qu'un
frère ou qu'une sœur). Les filles sont les plus nombreuses à avoir une
scolarité normale que les garçons.
Il
faut dire et répéter que ces chiffres sont des chiffres moyens. À ce titre,
ils ont une signification juste mais
globale. Ils ne veulent pas dire que des enfants de familles nombreuses avec mère
au foyer sont condamnés
à coup sûr à une scolarité difficile : ils signifient que cette scolarité
aura plus de risques d'être
entravée et que les efforts des parents, des enfants et de l'École devront être
accrus pour éviter l'échec.
LES
RAISONS SOCIOCULTURELLES N'EXPLIQUENT PAS TOUT.
Les
instituteurs sont relativement jeunes et une bonne partie d'entre eux n'ont pas
été formés convenablement
à ce métier. Les outils pédagogiques sont pauvres. Les Instructions
officielles sont mal connues en raison parfois de leur hermétisme.
Parfois
aussi, parce qu'il est plus confortable de les méconnaître ou d'en ignorer
l'existence !
Il
existe une inégalité flagrante dans la fourniture des matériels scolaires qui
sont à la charge des communes qui peuvent
être plus ou moins riches et/ou plus ou moins motivées.
L'insuffisance
des moyens matériels, la difficulté de remplacement des maîtres absents,
l'insuffisance ou l'absence pure et simple de médecine scolaire, la qualité
des locaux obtenue quelquefois au rabais, le
manque d'installations sportives, la faiblesse des crédits de fonctionnement,
le manque d'aide psychopédagogique, les
effectifs des classes (jugés trop élevés dans la moitié des départements);
le manque d'échanges et de
communications : difficulté de diffusion des documents pédagogiques et de
transmission de l'information, tout cela concourt aussi à l'échec de
l'institution scolaire française.
La
recherche pédagogique est à peu près inconnue dans les écoles : finances réduites
à l'Institut National de
Recherche Pédagogique qui n'a plus de structure de diffusion (la télévision
scolaire, la télévision de formation
continue ont disparu. La retransmission des cours du Collège de France à la télévision
le dimanche
matin ou le samedi après-midi a été abandonnée rapidement).
D'autre
part, il faut bien dire que l'innovation pédagogique entraîne dans ce pays une
suspicion et un scepticisme
indécrottables même lorsqu'on fait preuve de la validité de ce qu'on
entreprend.
L'ENJEU
Le
rapport se veut aussi un rapport pour l'action. La grande mission, c'est bien sûr,
la lutte contre l'échec scolaire.
Il faut être efficace à l'égard de tous, permettre à chacun de s'outiller
pour la vie. Autrement dit,
prendre en compte tous les élèves dans leur diversité et leur hétérogénéité.
Reste
à fixer les objectifs.
Quels
sont-ils et dans l'ordre d'importance ?
-L'autonomie
et la responsabilité, l'éducation morale et civique réinventée à partir de
la vie de la classe
-
Lire, écrire compter et acquérir des savoirs et des savoir-faire.
Autrement
dit et très clairement le rapport remet en place le rôle de l'éducation par
rapport à celui de l'instruction.
Alors
que tout le monde s'accorde à privilégier - en paroles - la tête "bien
faite" par rapport à la tête "bien pleine", certains affirment
sans mesurer l'énormité de leur affirmation qu'ils ne sont pas payés pour
éduquer les enfants mais pour leur apprendre des savoirs parcellaires. Certains
affirment encore qu'il est des enfants dont on ne pourra jamais rien tirer, des
enfants qui "encombrent" les classes, des enfants
qui sont "la crasse" de l'établissement. Ce sont des citations.
EST-CE
QU'IL VIENDRAIT À L'ESPRIT D'UN EMPLOYÉ DE LA SNCF DE DIRE QUE LES VOYAGEURS,
LES USAGERS DU SERVICE PUBLIC "ENCOMBRENT" LES TRAINS ?
Ah
! Comme pour certains, l'école serait belle, sans les enfants !...
La
pédagogie de ï'éveil est la plus naturelle qui soit, celle qui découle
des questions de l'enfant à la vie et
de la vie à l'enfant, pédagogie active du développement et non du dressage,
une pédagogie de la situation. La lecture
reste un objectif prioritaire. Elle doit être replacée dans l'ensemble des
activités de langage, et conçue
comme un moyen de sociabilisation. L'apprentissage de la lecture se prépare dès
la maternelle et n'est pas achevé à l'issue du C.P ; il se consolide au C.E.
et tout au long de la scolarité.
Quant
aux méthodes
(syllabiques ou globales), il importe de dépasser les querelles, car, chacune
d'entre elles, considérée séparément, comporte des insuffisances.
Le
résultat dépend moins de la méthode que de la façon dont elle est pratiquée.
Le rapport recommande à
chaque maître d'analyser sa méthode pour en préciser les insuffisances et
ainsi accéder à une véritable maîtrise.
Il conseille en outre de créer des situations d'aide et de détection précoce
des insuccès et de multiplier
des occasions de lecture fonctionnelle : c'est-à-dire de lecture
"utile".
Un
enfant sortant de l'école primaire est-il censé savoir lire ?
On
ne peut considérer qu'un élève entrant au collège possède parfaitement et
de manière définitive le "savoir
lire". C'est en effet négliger le fait qu'il se trouve confronté en sixième
avec des écrits scolaires plus
complexes, plus différenciés et plus difficiles que ceux auxquels il était
habitué.
Calculer
est une des activités contribuant dès le plus jeune âge à la constitution de
la personnalité de l'enfant.
La démarche d'éveil permet à l'élève de construire ses propres mathématiques.
Le rapport parle en
outre de l'élaboration des concepts mathématiques et de la résolution de
situations-problèmes.
LES
REMÈDES
Ils
sont traités dans la dernière partie du rapport.
Trois
mots-clés pour actionner les leviers du changement :
RESPONSABILITÉ,
CONFIANCE et COMMUNICATION
II
faut davantage de responsabilité pour l'école en accord avec la décentralisation,
davantage de confiance du maître à
l'enfant, du système au maître, de la société à l'école, et davantage de
communication entre tous les acteurs
de l'éducation. Toutes choses qui ne seront pas faciles à réaliser,
compte-tenu de la complexité du système,
des attentes et aspirations de tous les partenaires impliqués qui forment un
entrelacs d'intérêts convergents ou divergents.
Le
programme d'action comporte trois grands axes :
-
continuité pédagogique ; abolition des ruptures entre maternelle et C.P. ; développement
du suivi des enfants
de 5 à 8 ans avec usage très prudent du redoublement au C.P. grâce à
l'introduction du soutien et
accompagnement de ses élèves par un même maître durant deux ou trois ans.
-
éducation concertée, c'est-à-dire coopération avec les parents.
-
travail en équipe autour d'un "projet", décloisonnement,
constitution de réseaux de recherche et d'innovation
à tous les niveaux.
Et
les moyens matériels ? Tout ce qui a été dit précédemment interpelle l'État
et les collectivités locales.
L
' effort de l'État doit porter, dit le rapport, sur les effectifs, le
remplacement des maîtres absents. L'école doit
pouvoir se faire entendre de la commune, pour que l'école soit belle,
fonctionnelle et bénéficie d'expériences
réalisées ailleurs.
Tout
un programme.
Les
objectifs sont ambitieux mais les moyens semblent réduits.
75
- LE RÔLE DE LA PREMIÈRE ÉDUCATION EST DÉCISIF. L'ÉCOLE MATERNELLE EST INDISPENSABLE.
Toute
politique visant à réduire le rôle de la Maternelle, à en faire une simple
garderie ou une crèche prolongée
est une erreur à combattre.
76
- LA CONTINUITÉ ENTRE LA MATERNELLE ET L'ÉCOLE ÉLÉMENTAIRE EST PLUS QUE
SOUHAITABLE.
1993.
Deux écoles voisines dans une petite ville du sud de la Picardie. Elles portent
le même nom. Elles ont été construites ensemble, au début des années 70.
Une maternelle et une école élémentaire. Les cours de
récréation sont séparées par un grillage. J'interroge une jeune maîtresse
de maternelle sur le nombre de classes de l'école élémentaire. Le directeur
profite-t-il d'une décharge de service ? Ma collègue n'en sait
rien. Le directeur en question travaille à moins de vingt mètres de là !
Comment dans ces conditions échapper
à des modalités de concertation imposées par l'administration ?
Les
conseils de cycle sont devenus obligatoires. Le législateur a placé la grande
section de maternelle à la fois
en fin de cycle des apprentissages premiers (P.S., M.S., G.S.) et en début, de
cycle des apprentissages fondamentaux (G.S,
C.P., C.E. 1). Les maîtres sont donc contraints de se rencontrer au moins
une fois par trimestre...
L'idéal
est évidemment des échanges de service, des rencontres d'enfants, des
accompagnements pédagogiques d'enfants en
difficulté, par leur maîtresse de G.S. Jusqu'au seuil du C.P.. Les maîtres de
l'élémentaire doivent savoir ce qu'est le travail effectué en maternelle. Et
inversement, le personnel de maternelle doit pouvoir se confronter à la
question de la lecture jusqu'au C.M. ou à l'apprentissage du civisme
avec des pré-adolescents.
77
- UN VRAI TRAVAIL EN ÉQUIPE DOIT ÊTRE PROMU SUR L'ENSEMBLE DE LA SCOLARITÉ
PRIMAIRE (MATERNELLE + ÉLÉMENTAIRE).
78
- L'ACCENT DOIT ÊTRE MIS SUR L'ACQUISITION DES LANGAGES PENDANT LE CYCLE DES
APPRENTISSAGES FONDAMENTAUX (G.S., C.P., C.E.1).
79
- LA RUPTURE ÉCOLE-COLLÈGE DOIT ÊTRE ATTÉNUÉE.
La
dissolution totale des ruptures n'est sans doute ni souhaitable ni réalisable.
Il s'agit de rendre aux passages
maternelle-élémentaire mais surtout école-collège une véritable
vocation initiatique. Ce type de
passage doit être indolore mais il est angélique de penser qu'on puisse éviter
tout traumatisme. Comme toujours, on oublie -
notamment en France - de formaliser, de ritualiser des moments de la vie qui
structurent. Le collège insiste beaucoup sur l'acquisition des connaissances,
pas suffisamment sur la nécessité
d'accompagner un âge difficile, l'adolescence, où la Loi doit être stricte
sur les principes et souple quant à
l'application. Une réflexion éthique devrait être entreprise dès le C.E.2
afin d'aider la nécessaire
socialisation des jeunes.
80
- TOUTES LES DIFFÉRENCES DOIVENT ÊTRE ACCUEILLIES DANS UN
ESPRIT D'ÉGALITÉ.
C'est
parce qu'il existe des différences naturelles, ethniques, socio-économiques, géographiques,
sanitaires, sexuelles, que l'éducation - pédagogie,
didactique, socialisation - doit être adaptée à chaque individu.
L'égalité
ne signifie pas donner à tous la même chose, mais à donner à chacun selon ses
besoins. Respecter l'égalité, c'est donc donner inégalement. Cela
devrait être clair depuis la rédaction des Évangiles.
81
- IL FAUT TRAVAILLER ENSEMBLE À LA CONCEPTION D'UN PROJET POUR
CHAQUE ÉCOLE.
1993.
Le projet d'école entre, petit à petit, dans les mœurs. Le refus global des
enseignants a conduit l'administration
à imposer une méthodologie, des carcans formels et des calendriers souvent précipités.
La pédagogie
du projet n' a de sens que dans une perspective complètement décentralisée.
Or, personne n'a
osé annoncer tout haut que l'éclatement de l'Éducation nationale, en
tant que grand service public d'État,
était à l'ordre du jour. Cependant, tout ce qui s'est préparé depuis dix
ans, concourt à la dislocation du vaste appareil.
Dès
lors, concevoir un projet pour repérer les priorités, établir une politique,
préparer des actions ne sera pas
inséparable de la recherche des moyens financiers, matériels et humains.
82
- INNOVER ET PROMOUVOIR LA RECHERCHE. FAIRE CONNAÎTRE LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE INSTITUTIONNELLE. ENCOURAGER ET
FACILITER LA RECHERCHE DE TERRAIN.
83
- UTILISER DES OUTILS PERFORMANTS.
Les
outils pédagogiques sont multiples. Le matériel didactique, notamment à
destination des petits, est soumis
à des contrôles concernant prioritairement la sécurité. Ce sont des
contraintes qu'on n'impose pas
aux manuels scolaires, aux batteries d'exercices, aux innombrables matrices pour
duplication.
Il
existe, sur le marché, le pire et le meilleur. Certains éditeurs cèdent à la
mode rétro et ressortent de très
vieux manuels. D'autres profitent de la moindre réforme pour sortir de
"nouvelles" collections, qui n'innovent
que par une mise en page rendant caduques les livres de la série passée.
En
dix ans, la photocopie a transformé F aspect didactique de la pédagogie. Les
cahiers se sont agrandis au
format A4, on a vu fleurir des pochettes plastiques, des classeurs destinés à
recueillir le nombre quelque fois inouï de
feuillets qu'un enfant de C.P. peut accumuler en un trimestre.
Il
faut toujours essayer de concilier la commodité, l'efficience et la beauté.
Les éditeurs ont réalisé des ouvrages
superbes. Des outils magnifiques ont été créés notamment dans les
disciplines d'éveil. Les plus
belles réussites concernent l'édition de livres (vrais livres, par opposition
aux manuels !) documentaires
ou de fiction, en direction des jeunes et notamment des tout-petits. II y a là
d'incontestables réussites. C'est dans
l'embellissement, la croissance, la qualité du classement, la facilité
d'utilisation de la Bibliothèque-Centre
de documentation (B.C.D.) que Ton doit faire porter les efforts. Un manuel devrait
avoir une durée de vie minimale de cinq ans.
Les
écoles ne sont pas financièrement autonomes. Le matériel d'équipement
(mobilier, audio-visuel, éducation
physique, sciences...) est renouvelé de façon très erratique. Cela
n'encourage guère les fabricants à la recherche, au design, à la fantaisie créative.
Il existe donc encore des pupitres datant de la IIIème République ou pire, de
la IVième !
Presque
une décennie s'est écoulée depuis l'introduction de l'informatique à l'école.
Les choix effectués par
le pouvoir politique sont très discutables. Ils ont élargi le fossé entre anciens
et modernes. Ce clivage est
du reste peu fiable. Le corps enseignant primaire est féminisée à 75 %. Or,
ce sont prioritairement les maîtres qui se sont investis dans l'informatique
scolaire.
L'outil
informatique présente trois aspects fondamentaux, selon les textes officiels.
-
Enseignement assisté par ordinateur (E.A.O.). La machine est un répétiteur.
Plus ou moins malin, attractif,
efficace selon la conception logicielle. Dans ce cas précis, elle doit
permettre une auto-évaluation
de l'élève et proposer une progression souple d'exercices, d'informations et
de tests.
-
Utilisation de logiciels d'illustration (mathématique, histoire, géographie,
science, technologie), de simulation
(conduite automatique, sports, vol aérien...), de logiciels utilitaires (D.A.O.
dessin assisté par ordinateur, P.A.O presse assistée., C.A.O. conception
assistée par ordinateur), traitements
de textes, tableurs, générateur de graphiques, etc.
-
Initiation à l'informatique du point de vue social, commercial, domestique, économique,
etc. Les langages de programmation.
Technologies dérivées : télématique, robotique, domotique, etc.
L'intérêt que devrait susciter l'informatique chez les enseignants est évident. Mais les maîtresses (qui, par ailleurs, manipulent lave-linge, lave-vaisselle, fours à micro-ondes et robots de cuisine, mais assez peu magnétoscopes ou récepteurs télé!) souhaiteraient des ordinateurs fiables et extrêmement conviviaux. Ce n'était malheureusement pas le cas du matériel de l'opération Informatique pour Tous.
On sait que derrière cette opération initiée sous le ministère de Laurent Fabius était aussi largement motivée par le sauvetage industriel de Thomson.
84
- INITIATIVE ET RESPONSABILITÉ SONT INSÉPARABLES DE L'ANIMATION ET DE LA RÉGULATION.
Les
inspecteurs ont un rôle multiple. Ils doivent faire passer le message des
textes officiels. Plus ceux-ci sont cohérents, plus c'est aisé. On a vu que l'École
française vit sur l'illusion d'une cohérence. En réalité, l'ensemble
des textes constitue un patchwork dont les éléments proviennent de
l'ancienne politique étatique,
jacobine, monolithique d'une part (c'est ce qui domine dans la vision globale
qu'ont de l'institution les enseignants nés pendant le baby-boom) ; la
conception pluraliste, décentralisatrice, girondine,
libérale du centre-droit et de la
social-démocratie, d'autre part ; de la pédagogie par objectifs et
de la pédagogie du projet, héritée du monde de l'entreprise américaine.
Que
l'institution vole en éclats ou qu'elle demeure en se transformant vaille que
vaille, il n'en demeure pas
moins que le service d'éducation doit être contrôlé, corrigé, régulé,
orienté. C'est là le rôle du corps des
inspecteurs.
Ils ont vu leur tâche administrative prendre le plus gros de leur temps et de
leur énergie.
Or, la mission des inspecteurs devrait être dégagée de besognes qui relèvent davantage d'un secrétariat au sens large. Ainsi libérés, ils pourraient réaliser un travail utile de coordination, d'animation, d'impulsion, d'évaluation et de médiation.
En
aucun cas les responsables ne devraient être totalement coupés du terrain.
C'est pourquoi un directeur d'école, titulaire d'un vrai grade et d'une vraie
et définie fonction, mais aussi un inspecteur, un maître formateur, un
professeur d'IUFM, devraient être avec des enfants au moins une journée par
semaine, non comme observateur mais comme acteur...
85
- INFORMATION, ÉCHANGE, COMMUNICATION.
La
communication est indispensable dans l'École (institution), dans l'école, et
autour d'elle(s). Il existe de multiples modes de connaître et de se faire
connaître.
Vers
l'extérieur, il convient de s'expliquer dans les médias locaux et régionaux,
de rapporter des expériences, de faire
intervenir les enfants comme acteurs de leur propre formation, d'organiser des visites,
des débats, des opérations "portes ouvertes".
À
l'intérieur, l'information doit être diffusée par un ou plusieurs réseaux
institutionnels de documentation
en direction des maîtres, des élèves, des parents.
Les
outils et les productions pédagogiques locales doivent pouvoir être diffusés.
Chaque
établissement doit disposer d'une documentation très complète, informatisée,
facile d'accès pour
tous.
86
- CONCERTATION.
L'entrée
des parents dans l'école en 1976 a fait grincer bien des dents. Depuis,
l'institutionnalisation de la
concertation, même si elle s'est faite parfois à reculons, a permis de dépassionner
et de dépersonnaliser souvent
des relations conflictuelles graves. La fonction a pris le pas sur la nature.
87
- RÉSEAUX D'ÉCOLES.
Cette
idée intéressante exprimée dans le Rapport FAVRET n'a pas connu de développement.
L'administration
n'a pas apporté la souplesse souhaitée et les fermetures de classes ont empêché
enseignants et
enfants de profiter des pauses démographiques.
La
diversité des écoles est très grande, disait en résumé le rapport. Et l'on
a renoncé à des écoles-types, tandis que
le souci de la "bonne" adaptation s'accroît. Le souhait d'une école
à taille humaine est unanime. Le réseau doit être repensé et réorganisé.
H peut y avoir difficilement d'équipe dans
une école à deux classes. De petites écoles à une ou deux classes doivent
travailler ensemble, selon des
modalités variées. En liaison avec les projets généraux d'une zone, son réseau
scolaire devrait arriver à une stabilité relative. Le réseau d'écoles
doit traduire le projet de développement
local.
Il
faut associer tous ceux qui sont intéressés à la concertation éducative.
On
ignore en vérité ce qu'est une école à taille humaine. On sait qu'un collège
qui accueille plus de mille
enfants et adolescents est une hérésie (hélas quotidienne, habituelle) dont
on peut mesurer régulièrement les méfaits.
On sait que le nombre augmente la complexité et donc exige des moyens pour ORGANISER.
Une
grande école élémentaire de vingt classes peut accueillir cinq cents enfants.
Elle devrait avoir un directeur
déchargé presque • totalement mais doté d'un secrétariat. Les maîtres
devraient être aidés par quatre animateurs polyvalents et un maître-psychologue.
À cela devrait pouvoir s'ajouter du personnel de service capable d'assurer une
certaine maintenance des ateliers spécifiques : informatique, audio-visuel,
B.C.D., arts plastiques, science & technologie, équipements sportifs intégrés
(il est inacceptable de devoir
se déplacer pendant un temps plus important que la durée totale de l'activité
d'éducation physique, or cela est très fréquent...)
Une
telle unité pédagogique ne serait-elle pas plus efficace qu'un regroupement d'écoles
plus ou moins éloignées
?
88
- LES DIRECTIVES PÉDAGOGIQUES DOIVENT ÊTRE EXPLICITES.
À
cet égard, il serait donc nécessaire de débusquer les incohérences des
textes, instructions et ceci, à tous
les niveaux, puisqu'il y a, on le sait, interprétation différente des textes
selon les régions, les départements, les
circonscriptions.
89
- LES ANIMATEURS NE DEVRAIENT PAS ÊTRE DÉSIGNÉS EN FONCTION
DE LEUR APTITUDE À SE CONFORMER À UN MOULE MAIS, COMME L'INDIQUE L'ÉTYMOLOGIE,
EU ÉGARD À LEUR ÂME...
90 - ÉVALUER UN SYSTÈME ÉDUCATIF, C'EST, AU BOUT DU COMPTE, CONSIDÉRER LE CIVISME, LES QUALITÉS MORALES, INTELLECTUELLES, PHYSIQUES, L'AUTONOMIE ET LE SENS DE LA SOLIDARITÉ DES CITOYENS QU'IL AURA CONTRIBUÉ À FORMER.
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